====== La « bisexualité psychique » en psychanalyse ======
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Premier jet au 14/2/2023 (rebaptisé "intersexuation" le 17/3)
> //« Si on considère que tout enfant veut être les deux sexes à la fois, veut avoir les privilèges et les pouvoirs des deux parents, tout comme il voudrait les posséder sexuellement pour lui seul, il s’ensuit que ce double désir persistera dans les tréfonds de l’inconscient de tout un chacun. »// Joyce McDougall, [[https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2012-1-page-155.htm|« De l'homosexualité dite inconsciente »]] in (//Revue française de psychanalyse//, 1984 & 2012), §2.
Aussi étrange que cela puisse paraître, les psychanalystes croient en la bisexualité du nourrisson. Ils croient que le petit enfant veut se marier avec sa mère - c’est le fameux complexe d’Oedipe (un « Oedipe hétérosexuel », si l’enfant est un petit garçon), et qu’il veut aussi se marier avec son père (un « Oedipe homosexuel », ou inversement s’il s’agit d’une petite fille). Ils pensent que le psychisme humain naît de cette tension, liée à l’impossibilité fondamentale d’avoir les deux sexes à la fois. Ils pensent que les personnes actives et heureuses sont celles qui ont su dépasser ce dilemme caractéristique de l’enfance, forger leur personnalité et leur chemin propre, qui leur permet d’épouser quotidiennement, de manière symbolique, à la fois leur Papa et leur Maman…
//Adolescent et jeune adulte, ma perception du monde social tournait presque entièrement autour de cette mystérieuse « homosexualité refoulée », étroitement liée à la perspective psychanalytique (héritage de mon milieu familial).\\
En France, je la voyais à l’œuvre partout autour de moi ; quant au Yémen, il a pu me sembler dans un premier temps que les Yéménites ne la refoulaient pas du tout… Cette notion est donc sous-jacente à celle d’homoérotisme[[fr:glossaire#homoerotisme|*]], introduite dans mon travail à partir de 2006.//
> Joyce McDougall poursuit : //« Parler de l’homosexualité dans ce sens, c’est parler de tout le monde, ou tout simplement de la sexualité dans l’Inconscient. Il nous est loisible néanmoins de nous demander par quels moyens le petit d’homme sort de sa bisexualité psychique. Comment être ensemble et le Soleil et la Lune : comment jouir des deux à la fois ? Quels sont les destins potentiels qui s’offrent à nous, monosexués, hormis l’univers du rêve et celui de la folie, pour composer avec ces deux « impossibles » que sont le désir de posséder, de la façon la moins abstraite possible, le parent du même sexe, ainsi que le désir d’être du sexe opposé ? »// ([[https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2012-1-page-155.htm#pa3|§3]])
Voilà pour la théorie.\\
En pratique, le psychanalyste voit arriver dans son cabinet toutes sortes de gens qui ne vont pas bien, qui cherchent de l’aide et qui sont prêts à payer pour cela. Le psychanalyste les reçoit, les fait parler, il tente de comprendre ce qu’ils expriment, et d’apporter en retour une parole qui les aidera à se construire.\\
La psychanalyse n’est peut-être pas si éloignée de ce qu’en islam on appelle //[[nasiha|nasîha]]// (نصيحة), mot qui désigne à la fois la sincérité et le conseil, le fait de vouloir du bien à quelqu’un : l’art du //retour sincère//, fut-il silencieux.
Quoi qu’on pense de la théorie de la « sexualité infantile », et de la théologie implicite qu’elle recouvre, la théorie psychanalytique est avant tout une boussole pour l’analyste, pour l’aider à tenir la //relation d’aide//.
En cela, elle ressemble beaucoup à ce qu’on appelle l’ethnographie[[fr:glossaire#ethnographie|*]], ce domaine des sciences sociales où les chercheurs se demandent s’ils ne fabriquent pas eux-mêmes la réalité qu’ils étudient.
> //« Mais, pour capter cette homosexualité inconsciente au travers de ses déguisements et de ses déplacements à l’infini, encore faut-il composer avec notre propre homosexualité et être à l’affût de toute représentation qui nous renvoie à son dynamisme inconscient. Car il se peut que notre écoute soit assourdie par des parasites sur nos antennes contre-transférentielles. D’où un risque de complicité entre analysant et analyste, avec un effet de stagnation dans le processus analytique. »// ([[https://www.cairn.info/revue-francaise-de-psychanalyse-2012-1-page-155.htm#pa13|fin du §13]])
Cette citation fait étrangement écho à mon travail sur les impasses de la relation d’enquête, et le destin du Yémen contemporain.
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