Billet Mediapart sur la mort d'Ali Saleh
Chère Marie, Je profite de ton message pour prendre la plume, et essayer de faire le point après l'assassinat de l'ancien Président Saleh…
Article de mon blog Mediapart daté du 6 décembre 2017, rédigé à chaud « pour l'Histoire ».
J'insèrerai ensuite ce photo-montage, reçu sur Whatsapp quelques mois plus tard, qui résume parfaitement l'ironie tragique de la situation :
« J'y suis pour rien! Je suis mort! » (avril 2018)
Pour comprendre l'image, il faut la décomposer : trois ans plus tôt, au moment où les rebelles Houthis prennent les institutions politiques de la Capitale, des opposants à l'ancien Président apposent son visage sur le geste pittoresque d'un humoriste local :
[Photomontage retrouvé sur Twitter par Google-image. Je n'ai pas su retrouver la photo originale de l'humoriste, je me rappelle juste qu'il louche…]
« J'y suis pour rien! » (janvier 2015)
L'ancien président est alors bien vivant, et c'est évidemment par son autorisation qu'on a livré les clés aux rebelles. Pour autant, ce geste n'était-il pas dans le sens de l'histoire? En effet, la Révolution unanime de 2011 s'est finalement engluée dans une improbable « transition politique » maternée par les « institutions internationales » - dont les acteurs sont évidemment frustrés : ils reportent leur échec sur l'action d'Ali Saleh dans les coulisses.1)
C'est pour leur répondre que le photo-montage réapparaît trois ans plus tard : quand on découvre que le pouvoir d'Ali Saleh était largement surévalué, un pouvoir qu'il était en train de perdre de toute façon.
« Plus que la “réalité sur le terrain”, dont je suis évidemment mal placé pour rendre compte depuis mon appartement sétois, je voudrais insister sur cette expérience subjective des Yéménites, qui voient soudain le sol se dérober sous leurs pieds. Ces Yéménites dont je parle sont nos informateurs : il faut bien comprendre que cette expérience, à terme, ne concernera pas seulement eux, et pas seulement les Arabes sunnites. Ce à quoi nous assistons, c'est le démantèlement spectaculaire du leadership américain dans la région, dont les conséquences ne sont absolument pas anticipées par les commentateurs, pour des raisons épistémiques structurelles. »
Pour le reste, mon billet part un peu dans tous les sens, craignant une offensive militaire qui n'a évidemment pas eu lieu. Du moins pas au Yémen, mais elle a lieu en ce moment en Ukraine…
(mai 2023)
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