« Je t'envoie un petit texte de 5 pages, rédigé à l'origine pour l'un de mes interlocuteurs à l'Institut Protestant de Théologie, le philosophe Olivier Abel [dont je suivais le séminaire sur « Paul et les philosophes »]. Il y est question des circonstances de ma conversion (septembre 2007) et du lien avec le destin de Ziad. Vois-tu, j'ai été très ému quand nous en avons discuté après sa lecture, car Abel a immédiatement identifié la logique de notre amitié. Les logiques respectives de nos conversions croisées notamment [cf Le christianisme de Ziad ], étaient pour lui limpides, et il m'en a parlé de manière très pudique, très respectueuse. Il disait « votre ami », en me regardant, comme s'il essayait d'apprendre encore quelque chose de Ziad en lisant sur mon visage. Ça m'a bouleversé. On ne m'avait jamais parlé comme ça, on ne m'avait jamais renvoyé ça, cette reconnaissance toute simple de notre lien. Et c'est précisément ce qui n'a jamais été possible au sein de ma famille (…) Pourquoi était-ce si difficile? »
Remarques :
+ Le texte ne comporte aucune référence au « nœud » d'octobre 2003 (il est rédigé avant le basculement de décembre 2017). Olivier Abel ne pouvait me dire grand chose de plus dans ces conditions…
+ Erreur factuelle p.4 sur l'incident de l'affaire Bessam, quand j'écris : « Dix ans plus tard, Ziad attrapa son voisin par surprise, armé d'une jambiyya (poignard traditionnel), et lui brisa la mâchoire en frappant à travers la joue » Ziad a juste donné un coup de poing bien senti, déconnecté de tout contexte - donc clairement un message venu du ciel - mais il n'a pas sorti de poignard comme j'ai cru le comprendre à l'époque. Décidément, l'anthropologue ne libèrera jamais ses interlocuteurs de ses propres écrits, quels que soient ses efforts en ce sens…