La notion d'esprit chez Bateson

L'information? Une différence qui fait la différence…
Gregory Bateson et l'École de Palo Alto travaillent à partir de cette définition minimale.
On connaît moins la conceptualisation sous-jacente en termes d'esprit*, proposée par Bateson à la fin de sa vie.
(Écologie de l'esprit / écologie mentale : quelle traduction adopter?)

« Critères du processus mental » (chapitre 4 de La Nature et la Pensée).
Dans ce chapitre, je vais tâcher de dresser une liste des critères permettant de qualifier sans hésitation d'esprit tout ensemble de phénomènes, tout système qui y satisfera. (…) Cette liste est la pierre angulaire du livre tout entier. (…) Le présent livre devra durer ou disparaître, non par le contenu particulier de la liste qu'il propose, mais par la validité de l'idée qu'une telle structuration de l'épistémologie, de l'évolution et de l'épigenèse est possible. J'avance que le problème des « rapports du corps et de l'esprit » doit pouvoir se résoudre selon des lignes analogues à celles esquissées ici. (…)

1. Un esprit est un ensemble de parties, ou composants en interaction.
2. L'interaction entre les parties d'un esprit est déclenchée par la différence, et la différence est un phénomène non matériel, auquel on ne peut assigner de place dans l'espace ou le temps; la différence est à rapprocher de la néguentropie et de l'entropie plus que de l'énergie.
3. Le processus mental requiert de l'énergie collatérale.
4. Le processus mental requiert des chaînes de détermination circulaires (ou plus complexes).
5. Dans les processus mentaux, il faut considérer les effets de la différence comme des transformations [transforms] (c'est-à-dire des versions codées) d'événements qui les précédaient. Les règles qui régissent de telles transformations doivent être comparativement stables (c'est-à-dire plus stables que le contenu), mais elles sont elles-mêmes sujettes à la transformation.
6. La description et la classification de ces processus de transformation révèlent une hiérarchie de types logiques* immanente aux phénomènes.

Je montrerai que les phénomènes que nous appelons pensée, évolution, écologie, vie, apprentissage et autres ne se produisent que dans des systèmes qui obéissent à ces critères.