Le troisième livre de Jocelyne Dakhlia, publié en avril 2005, alors qu'elle dirigeait déjà mon travail depuis un an (2004-2005).
Selon Dakhlia, la paralysie politique des sociétés arabes (il faut se replacer dans les années 2000, sous l'ère des Moubarak et Ben Ali…) était liée au refoulement d'une culture politique pré-moderne, dont la chute des Barmécides (Wikipedia) constituait l'un des topos. La brusque disgrâce de cette brillante lignée de ministres, survenue à Bagdad en l'an 803, faisait en effet partie de la culture de tout honnête homme jusqu'au début du XXème siècle, avant d'être totalement disqualifiée sous l'essor de la pensée nationaliste arabe. En pointant la dimension “homoérotique” de cet épisode, Jocelyne Dakhlia entendait nommer une cause possible de ce refoulement, en étudiant les mutations successives du récit au cours des siècles.
Les années suivantes, j'allais m'approprier à mon tour la notion d'homoérotisme, et transposer ce raisonnement sur le plan de la réflexivité ethnographique. En effet cet ouvrage m'avait ouvert des perspectives insoupçonnées pour repenser le déroulement de mon premier séjour (2003). Dans les rapports tortueux et passionnels du Calife Haroun al-Rashid et de son ministre d'origine Persane Ja'far al-Barmaki, j'avais reconnu le script de mes rapports avec Ziad - qui n'étaient pas une relation homosexuelle. En persévérant sur le terrain de mon enquête, pour diffracter toutes les résonances de cette alliance impossible, j'allais progressivement faire sortir Ziad de ses gonds…
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