Configuration

« Quatre hommes assis autour d’une table pour jouer aux cartes forment une configuration (…) : le déroulement du jeu découle des interpénétrations des actes d’un groupe d’individus interdépendants. (…) »

L’historien et sociologue Norbert Elias (1897-1990) développe cette notion comme une réponse au problème des rapports entre individu et société :

« [Voilà un] outil conceptuel maniable (…), [qui] s’applique aussi bien aux groupes relativement restreints qu’aux sociétés formées par des milliers ou des millions d’êtres interdépendants (…) à l’aide duquel on peut desserrer la contrainte sociale qui nous oblige à penser et à parler comme si “l’individu” et “la société” étaient deux figures différentes et de surcroît antagonistes. » (Qu'est-ce que la sociologie?, pp. 156-158)

Le concept est en partie inspiré de Gregory Bateson, dont Elias est un lecteur attentif, en particulier de la notion de schismogenèse* proposée dans Naven en 1936. Le terme anglais est figuration - traduction de l’allemand figuration - mais la notion est très proche de pattern (mal traduit en français par « structure »*) qui prendra une place centrale dans l’oeuvre ultérieure de Bateson (« The pattern which connects »GB5). C’est peu ou prou la même idée.

Voir également la notion d’agencement* mobilisée dans le champ des études intersectionnelles*, attribuée à Deleuze et Guattari - mais Bateson est derrière aussi. Il s'agit dans tout les cas d'une approche génétique des phénomènes sociaux.