L’Humanisme est une tradition intellectuelle européenne, apparue en Italie autour du XVe siècle, et construite rétrospectivement (au XIXe) comme une « Renaissance », marquant la sortie du « Moyen-Âge ».
En France, la naissance de l’humanisme est associée à des auteurs comme Rabelais (1483-1553) ou Montaigne (1533-1592), les premiers dont les écrits nous sont vraiment compréhensibles. Elle commence lorsque des penseurs, dans une Europe épuisée par les guerres de religion, se mettent à faire autre chose que de la scolastique* médiévale - avec Aristote d’abord, puis avec l’ensemble du corpus philosophique gréco-latin, qui reprend vie à cette occasion.
À partir de là, la pensée européenne* se constituera avec cette caractéristique étrange de faire constamment dialoguer les branches et les racines de l’arbre (en faisant comme si les antiques et les modernes vivaient dans le même monde, comme si leur pensée était commensurable…) de par et d’autre d’un tronc médiéval désormais insondable (…mais occupé jusqu’à ce jour par les musulmans).
Tel est le trait fondamental de l’humanisme, européen et global : inscrit dans l’organisation dualiste* des savoirs, il est perpétuellement reconduit, à travers les déclinaisons culturalistes du système universitaire*, désormais globalisé. Y compris sous la forme du salafisme, marqueur de cette dynamique humaniste au sein d’un islam conçu comme « culture », selon une perspective commune à tous les grands réformateurs arabes depuis la fin du XIXe siècle. Produire une appréhension non-humaniste de la tradition islamique, de sa position et de son rôle dans l’histoire globale des idées, restera peut-être au XXIe le véritable défi.