Dans les traditions monothéistes, l’idolâtrie désigne le culte rendu à l'image d'un dieu (peinture, statue, idole…) comme si elle était le dieu en personne.
En islam, l’idolâtrie correspond à la notion de shirk (شرك), ou péché d’association : le fait d’associer à Dieu une autre entité, afin de lui vouer un culte compatible avec ses propres passions. On lui oppose le tawhîd (توحيد), un effort d’unification des pratiques d’adoration dans la perspective du Dieu unique.
Au deuxième siècle de l’islam, le christianisme traverse la crise iconoclaste : une profonde crise politique et existentielle, portant sur le caractère licite de la vénération des images. Face aux défaites militaires contre les Arabes, plusieurs dirigeants se laissent convaincre que l’Empire s'est attiré la colère de Dieu. Mais finalement, le deuxième concile de Nicée (787) impose dans l’orthodoxie le caractère licite des images, en les reliant à la notion d’incarnation. Bien entendu, les livres d’histoire racontent cette crise sans la relier à la concurrence spirituelle musulmane, mais comme une « crise de maturité » autonome du christianisme, que l’islam devrait nécessairement traverser à son tour…
Il n’en demeure pas moins que l’image en elle-même ne suffit pas à faire science - sans critique épistémique des représentations, débouchant sur une forme d’unification théorique. Ce principe est singulièrement mis à mal dans les sciences sociales de l’ère postcoloniale tardive*.