Le sexe ou le “genre” n'est pas qu'une qualité des personnes, il est aussi un nœud incontournable de l'épistémologie humaine - en fait de toute épistémologie biologique. Comme les « études de genre » ont considérablement obscurci ces enjeux - et qu'elles ne m'ont jamais rendu l'attention que je leur ai porté, à travers la notion d'homoérotisme - je préfère renvoyer le lecteur à Bateson : voir pages 84-86 de La nature et la pensée (chapitre 3 “versions multiples du monde”, section 7 “le cas des deux sexes”).
Ci-dessous, une petite proposition “opérationnelle”.
Revenant sur mon interaction avec Ludovic-Mohamed Zahed, je me fais cette remarque beaucoup plus générale : les sciences sociales gagneraient à se doter d'une sorte d'“inégalité d'Heisenberg”, posant une limite sur le cumul des vulgarités :
Il y a là deux conditions indispensables, pour une sociologie conceptuellement inventive, et néanmoins à l'écoute de ses contemporains. Mais les sociologues de notre époque, semble-t-il, n'ont pas réalisé que ces deux exigences étaient en partie inconciliables. Lorsque la vulgarité langagière se cumule à la vulgarité intellectuelle, la sociologie devient une sorte de culte idolâtre, où un petit milieu s'auto-entretient dans l'évocation de ses propres “enjeux fondamentaux”, qui n'ont pas d'existence réelle pour les autres.
Dans la société française actuelle, cette contradiction se cristallise dans les débats sur le “genre” - bien qu'elle soit en fait beaucoup plus générale. Donc je propose une formule du type :
Vulgarité explicite x Vulgarité intellectuelle ≤ ħ/2
Voir mon billet Démence singulière (2016), pour une petite illustration.
Remarque : Ce dilemme est bien connu dans l'islam, qui affirme simultanément :
Bien évidemment, la contradiction n'est qu'apparente : la pudeur est indispensable, et en même temps elle ne doit pas empêcher le questionnement et l'instruction. Sur cette question cruciale pour notre propos, voir cette fatwa du cheikh Bin Baz (autorité de l'orthodoxie sunnite).