Richard Planel

Richard Planel, Directeur de recherche au CNRS au Laboratoire de Microstructures et de Microélectronique du CNRS nous a quittés en juin dernier (1999) à l'âge de 51 ans.

Polytechnicien, il entre au CNRS en 1970, dans l'équipe de C. Benoit à la Guillaume, pour y faire sa thèse sous sa direction. Il s'intéresse tout d'abord à la luminescence chaude des excitons dans CdS et aux polaritons excitoniques. Il met en évidence l'existence, alors controversée, du bi-exciton dans ce matériau et en mesure l'énergie de liaison. Il discute très finement les mécanismes d'absorption résonante, découvre le “pompage optique linéaire” et les effets de cohérence des excitons ainsi créés. Richard Planel soutient sa thèse de Doctorat d'Etat es Sciences en 1977.

Richard Planel s'oriente ensuite vers l'étude des semi-conducteurs semi-magnétiques comme CdMnTe, en collaboration avec l'Université de Varsovie. Il obtient deux résultats majeurs : d'une part, la confirmation expérimentale directe, en magnéto-optique, de l'effet Zeeman géant qui caractérise ce matériau et la détermination des différents paramètres d'échange ; d'autre part, la mise en évidence du polaron magnétique. Cette période au Groupe de Physique des Solides de l'Ecole Normale Supérieure lui aura fait acquérir une expertise inégalée des semiconducteurs massifs. Il s'y est aussi forgé des convictions politiques profondes sur l'importance d'aider, à travers ses collaborations scientifiques, ses collègues ayant un accès limité à des moyens performants d'élaboration. Ces deux aspects ont certainement pesé lourd dans sa décision de participer à la création en 1984 du Laboratoire de Microstructures et de Microélectronique.

Dans ce laboratoire implanté au sein du C.N.E.T. à Bagneux, dirigé par H. Launois, Richard Planel démarre, avec B. Etienne et F. Mollot l'épitaxie par jets moléculaires d'hétérostructures GaAs/GaA1As. Son expérience et ces moyens d'élaboration, il tient à les mettre dès lors au service de la communauté des semiconducteurs. Il s'efforce ainsi, en leur en donnant les moyens, d'ouvrir cette communauté à l'étude des hétérostructures. Au sein du L2M, Richard Planel s'est successivement intéressé aux super-réseaux GaAs/AlAs et aux effets électro-optiques dans ces objets, puis plus récemment, dans l'équipe qu'il animait, aux puits quantiques en microcavités. Parmi les sujets auxquels il aura contribué par des collaborations actives, on peut citer l'optique fine des excitons dans les super-réseaux (GPS), l'utilisation des puits quantiques pour l'optique infrarouge (IEF, GES, HUJ-Jérusalem), les centres DX dans les structures GaAs/A1As (GES). Il a également noué des collaborations internationales fructueuses avec notamment l'Université de Tunis et l'Institut Ioffe de Saint-Petersbourg. Promoteur actif de la collaboration scientifique qui continue de se développer entre la Pologne et la France (Grenoble, Montpellier…), il a reçu à ce titre en 1998 une distinction de l'Université de Varsovie.

Richard Planel s'est aussi beaucoup investi dans la formation, en premier lieu de ses thésards, mais aussi des plus petits : il a ainsi participé avec passion à la rédaction de manuels pour l'enseignement de la physique à l'école primaire, ainsi qu'à la formation des maîtres.

Militant syndical et politique convaincu, Richard Planel a participé à de nombreuses actions pour faire progresser les idées de justice et d'égalité. Elu deux fois dans la section de Physique des Solides du Comité National de la Recherche Scientifique de 1975 à 1980, puis de 1991 à 1995, il y a fait preuve de beaucoup d'efficacité et de rigueur dans ses jugements et son travail.

La disparition de notre ami Richard Planel, scientifique hors du commun, talentueux et rigoureux, humaniste d'une grande culture et homme de convictions, laisse un vide immense dans la communauté de ses collègues, de ses collaborateurs et de ses étudiants.

A. Bhattacharjee, B. Coqblin, G. Lampel et J-Y Marzin