Courant intellectuel issu du monde universitaire anglosaxon, qui valorise la réflexion sur l’articulation des différentes formes d’oppression - notamment raciale, sexiste et économique.
Partie du mouvement des droits civiques, et de la critique par des auteures noires du féminisme blanc, l’intersectionnalité est reprise par le mouvement « queer » - critique par les minorités sexuelles du féminisme traditionnel - qui fonde ainsi une posture discursive, émancipée de toute cohérence théorique parce qu’essentiellement performative, et reproductible à l’infini.
• Dans le meilleur des cas, l’intersectionnalité permet de renouveler les formes trop systématiques de pensée critique (marxiste, féministe, antiraciste…), et de mettre en lumière la singularité des situations sociales et historiques (voir la notion d’agencement*).
• Dans le pire des cas, l’intersectionnalité conduit à une inflation conceptuelle de discriminations creuses (validisme, grossophobie, classisme, islamophobie…), au sens qu’elles sont dénuées de toute théorisation.
Avec la dénonciation du « classisme », plus besoin d’analyser les mécanismes de stratification sociale. Avec la dénonciation de « l’islamophobie », plus besoin de soupeser en conscience ma production intellectuelle. Dans les sphères publiques occidentales, l'essor du courant dit « décolonial »* impose la figure du musulman « victime d’islamophobie », qui justifie paradoxalement son écrasement…