Phénomène transversal dans l’histoire politique des pays d’islam du IXe jusqu’au XIXe siècle, les mamelouks sont une milice d’esclaves d’origine non-musulmane, formés en vue de tâches militaires ou administratives, souvent appelés à occuper de hautes fonctions, voire à assumer eux-mêmes le pouvoir. Les Mamelouks sont affranchis au terme de leur éducation, mais ils gardent une fidélité totale à leur groupe - un peu comme en France les corps de l’État…
Le système mamelouk est important pour expliquer ce que nous sommes : un maillon de notre histoire culturelle, invisibilisé par notre méconnaissance du Moyen-Âge et de l’Islam*. Initialement, la raison d’être des mamelouks est d’assurer la stabilité de l’État musulman, face à des sociétés structurées par les patrilignages et la segmentarité*. La chrétienté latine n’a pas ce problème, mais elle s’approprie progressivement les innovations culturelles médiévales (émergence des universités européennes*) : la Papauté fabrique, d’une certaine manière, ses propres mamelouks à partir de sa propre population, et ce processus fait émerger l’idée de Nation.
Au XIXe siècle, les mamelouks perdent progressivement leur importance ou sont physiquement éliminés, au fil des luttes d’influence entre les Empires et les Nations. L’interdiction de l’esclavage participe de cette évolution, et le phénomène se tarit. Mais passée la parenthèse nationaliste arabe, quelque chose de ce phénomène ressurgit (avions projetés dans les tours jumelles, Daech…).
Mamelouk
La matrice monothéïste (l'Islam comme métacontexte de l'histoire des idées européenne)
Occident/Orient : une intersexuation réciproque
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