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fr:comprendre:contextes:hawdh_al-ashraf

Des images filmées en 2008, postées sur Youtube en 2018, et qui me reviennent par Whatsapp en 2020, montées sur une musique nostalgique.
Autres images du quartier en 2013 / Le Hawdh en guerre (2015 - présent)

cliché : Anas Alhajj Vue générale de Taez (1400m) depuis les flancs du Djébel Sabir (3000m).
Topologie de Taez : quelques cartes pour saisir la centralité de cette ville dans l'espace yéménite.

La centralité du Hawdh dans l'histoire de Taez

La place de Hawdh al-Ashraf dans le processus d'urbanisation (colloque de février 2006).

Hawdh al-Ashraf, c'est l'entrée du centre-ville de Taez, quand on vient de Sanaa ou d'Aden. À l'origine, c'était une halte pour les caravanes à l'extérieur des murs, dotée d'un abreuvoir (hawdh) construit sous la dynastie rassoulide (XIIIe-XVe siècle) par le souverain al-Ashraf (1377-1400).

L'époque dorée

Depuis le carrefour de Hawdh al-Ashraf, on distingue le palais ottoman de l'imam, la Préfecture, et le Palais républicain (vers al-Hawbân), sièges successifs du pouvoir à Taez.

En 1948, l'imam Ahmed refait de Taez la Capitale du Yémen, pour mieux contrer l'influence britannique venue d'Aden (un port mondial sur la route des Indes, comparable à l'époque à Rotterdam en termes de tonnage). Le Prince Ahmed règne en fait sur Taez depuis 1918, installé dans un palais construit par les Ottomans juste au-dessus, adossé à la montagne. Le Hawdh devient la “gare centrale” de Taez, quartier des missions étrangères, emblématique d'une première modernité yéménite.

Après la révolution de 1962, la jeune République du Yémen du Nord fait de Taez sa capitale culturelle, et l'on construit la Préfecture au Hawdh al-Ashraf. Les Américains y construisent la première usine de retraitement des eaux du pays, et les Soviétiques l'École du Peuple, qui scolarise les premières élites républicaines. C'est là que débarquent les taxis collectifs en provenance du Sud Yémen, qui obtient son indépendance en 1967, et qui adopte un régime communiste. Autant dire que Hawdh al-Ashraf fourmille d'espions…


Le déclin

Au pied de l'immeuble de la banque al-Tadhâmon et de l'hôtel Shamsân (où j'ai vécu presque tous les ans), les taxis-motos attendent leurs clients.

Mais Taez perd son importance économique au fil des années 1980, au profit de la Capitale Sanaa. Avec la réunification de 1990 (suivie de la mise au pas du Sud par le Nord en 1994), elle perd en outre son caractère stratégique. Les profits de la ville et de ses industries sont systématiquement pompés par le Régime, et le revêtement des rues n'est même pas entretenu. Parallèlement les Taezis émigrent, investissent en retour dans l'immobilier, et la ville devient tentaculaire.

Au milieu des années 1990, on déplace la gare des taxis plus en périphérie (al-Hawbân), car le Hawdh est noyé dans les embouteillages. Pourtant les Taezis restent attachés à ce carrefour un peu décrépit, à son souk et à ses institutions d'enseignement supérieur. Les cafés y restent ouverts à toute heure du jour et de la nuit, fréquentés des travailleurs journaliers, citadins insomniaques, étudiants et voyageurs…


La révolution

Manifestation du 15 avril 2011, sur l'avenue d'al-Huraysh

Et en 2011 Taez se soulève, prenant symboliquement la tête du Printemps Yéménite. Le Hawdh est occupé préventivement par le Régime, mais les jeunes s'installent en contre-bas sur l'avenue d'al-Huraysh, et remontent régulièrement affronter les forces du Régime devant l'École du Peuple.

10 avril 2011, le régime tire sur les manifestants
(voir mon billet “Les morts de Taez”)

Les institutions internationales ont les yeux rivés sur la Capitale, et elles négocient une transition politique batarde. La situation économique se dégrade, la révolution s'enlise. Les rebelles houthis, issus de régions montagneuses tribales à l'extrême Nord du pays, finissent par s'allier avec l'ancien Président Saleh. Ils prennent la Capitale Sanaa en septembre 2014.


La guerre

La ligne de front (voir Topologie de Taez).

En mars 2015, la guerre éclate entre les rebelles chi'ites, soutenus diplomatiquement par l'Iran, et une coalition arabe menée par l'Arabie Saoudite. D'emblée les armées convergent vers Taez : une ville qu’aucune des deux parties ne peut se permettre de perdre mais qu’aucune ne veut vraiment gagner - pour ne pas s’encombrer de ses aspirations démocratiques. La ligne de front se fixe rapidement entre al-Hawdh et al-Hawbân.

Scène de guerre le 27 avril 2015, devant la banque al-Tadhâmon au pied de mon hôtel (0'49).

Voir également la page :
Le Hawdh en guerre (2015 - présent)

taiz2015-orientxxi.jpg

L'entrée de Taez, seul point fixe de la ligne de front, est une zone minée gardée par des snippers.
Au Hawdh al-Ashraf, la vie s'est arrêtée.
media.taez.fr_images_hawdh_carrefour_gawlamoto-dvd.jpgLe Hawdh dans la guerre.

Vidéo du 1er janvier 2022

Vue générale de Taez et de la mosquée al-Ashrafiyya, joyau de l'architecture rassoulide construit par le souverain al-Ashraf (1377-1400).

13 juin 2024 : chute du Mur

Ré-ouverture de l'axe Hawdh-Hawbân :
La veille au soir, Yazid m'envoie une photo du carrefour, où l'armée régulière s'est positionnée :
« Voilà le nouveau rond-point du Hawdh, avec des plots ».
Le lendemain il m'envoie cette vidéo, montrant la circulation enfin revenue.

(…filmé avec Nabil Yazid, depuis la devanture du « Centre Mansour al-Fransi » pour les baguettes et croissants…)

(…Cheikh Yazid traverse la rue…)

(à comparer avec Le Hawdh silencieux).

fr/comprendre/contextes/hawdh_al-ashraf.txt · Dernière modification : 2024/11/12 21:23 de mansour

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