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Makhnatha : l'intersexuation dans mes anciens textes

fr:comprendre:textes:intersexuation Sommaire intersexuation

  • Situer le terme makhnatha parmi les déclinaisons de la racine (kh-n-th).
  • En juillet 2006, le compte-rendu de mon 3° terrain, intitulé : « Autour du terme makhnatha : les questions de genre et leur laborieuse introduction ».
  • homoérotisme* est le terme consacré dans les études arabes de cette époque.

En novembre 2008, j'avance finalement une traduction par saloperie, dans un projet de recherche intitulé : « Le miel sur le rasoir. Une ethnographie du jeu et du fantasme dans la sociabilité masculine de l’urbanisation yéménite »
Extrait ci-dessous (début de la page 2) :

Programme d’enquêtes sur le terrain
Souvent en ethnologie, un objet d’étude se conçoit plus simplement dans la langue locale, par l’évocation du concept dont on cherche à dessiner les contours. C’est le cas ici, à une complication près :
makhnatha, le mot en question, appartient au dialecte et est extrêmement vulgaire. La racine du mot donne en arabe classique le terme mukhannathFV2, « efféminé », et notre mot renvoie de fait à l’idée de « travestissement ». Néanmoins dans le dialecte, le verbe khannath est utilisé dans un sens crûment sexuel, signifiant « pénétrer ». Le substantif qui nous intéresse désigne en fait dans son sens premier tout acte sexuel (impliquant un homme) méritant d’être désigné d’une manière aussi vulgaire. Le mot est donc orthogonal à la distinction moderne entre homo- et hétérosexualité. Ses occurrences ont majoritairement pour cadre le registre informel de la sociabilité masculine : le mot s’entend alors comme un rapport dans lequel un homme prend la place d’une femme, et évoque métaphoriquement un désordre généralisé, un peu comme le mot « foutoir » en français. Mais il est également utilisé pour désigner le « désordre sexuel occidental », en particulier la sexualité hors-mariage, donc plutôt dans un sens hétérosexuel. Je choisis ici de privilégier une traduction générique, la « saloperie », qui a l’avantage pour mon propos, outre son sens habituel dans le langage familier, d’autoriser une référence aux usages du terme « salope » en France dans les milieux homosexuels masculins (en quelque sorte il faudra lire « salope-rie »).

Au Yémen, l’évocation de la « saloperie » joue un rôle particulièrement répandu dans l’évocation familière des désordres politiques et sociaux, à la fois internes et externes, mais selon des usages qui séparent d’ordinaire ces deux ordres de phénomènes. Ainsi le terme réalise l’équivalence symbolique entre la libération sexuelle et, par exemple, la politique étrangère des puissances occidentales au Moyen-Orient. Sur un autre plan, il réalise une identification analogue entre des comportements de tous ordres, mais passant cette fois pour spécifiques aux Arabes : on dit « saloperie » pour évoquer la mauvaise foi, l’arnaque, ou encore le non-respect d’un rendez-vous - qui s’oppose à la ponctualité « britannique ». Aucun des usages habituels du mot n’opère un lien entre ces deux ordres de phénomènes, comme si, au fond, on ne parlait pas de la même « saloperie ».

⇒ Distinction implicite entre deux ordres d'intersexuation
(cruciale pour mon propos - cf code couleur).

fr/comprendre/textes/intersexuation.txt · Dernière modification : 2023/08/27 12:34 de mansour

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