Musulman diplômé

[Premier jet décembre 2023, à préciser] La condition spécifique du musulman diplômé.
C’est un diplômé : quelqu’un qui a rejoint la grande aventure de l’institution universitaire commencée vers l’an 1000, indissociable de l’éveil européen : en lieu et place de l’ancestrale relation maître-disciple, la segmentation des savoirs technoscientifiques et leur contrôle par rétroaction (cybernétique*) des hiérarchies universitaires.
Mais c’est aussi un musulman : quelqu’un qui reste relié à la civilisation médiévale, cette civilisation de l’intérieur de laquelle et contre laquelle l’Europe s’est constituée dans son affirmation subjective (un peu comme le ver dans le fromage corse), précisément à travers cette institution de l’Université.
⇒ le musulman diplômé est le lieu de ce paradoxe. Il est arrivé là à la faveur d’un double moment historique postcolonial* : d’une part la défaite du fascisme, dont l’obsession était de défendre la pré-éminence européenne, notamment dans l’accès aux universités ; d’autre part l’adhésion de sa propre société d’origine à l’aventure nationaliste, qui la conduit à fonder son propre système d’enseignement public et ses propres universités. Mais la greffe du nationalisme ne prend pas vraiment : ni sur le plan militaire (on le sait dès 1967), ni sur le plan sociétal (constitution d’une hiérarchie ploutocratique qui étouffe la dynamique universitaire).
Le diplômé musulman est le produit de ce double naufrage : celui de l’Europe et celui du nationalisme (arabe) postcolonial.