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Le terme arabe mawlâ (pl. mawâlî) au participe passé, signifie « rapproché de », « ami de », « protégé par » - le wâlî étant au contraire celui qui protège, au participe actif, soit le patriarche.
Dans les premiers siècles de l’islam, lorsque le pouvoir était détenu par les conquérants arabes (dynastie ommeyade ), les mawâlî étaient des esclaves affranchis. Participant à la conquête et à la dynamique de l’islam après leur conversion, ils restaient néanmoins affiliés à leurs anciens maîtres, dont ils portaient le nom de famille (comme dans l’Europe pré-moderne). Avec la dynastie abbasside , les mawâlî deviennent sociologiquement majoritaires, mais le rapport de clientèle structure encore la société - jusqu’à l’époque contemporaine, malgré sa marginalisation par le vocabulaire de l’État-nation (qui ne reconnaît d’autre protecteur que l’État, en principe).
Mieux comprendre le lien social à Taez, en étant au clair sur ma propre dépendance : c’est le pari de la réflexivité* ethnographique. Dans une anecdote de 2008 (peu après ma conversion), Yazid me désigne comme le « fils » (walad) de son frère Ziad, dans un sens équivalent. Entre temps Ziad a perdu sa position dans la famille, il finira par se déclarer chrétien, donc la situation est plus complexe en réalité. Mais toute dette ethnographique débouche sur un lien social, dont l’anthropologue a pour tâche d’établir l’objectivité.