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====== Aventures d'un regard ====== | ====== Aventures d'un regard ====== |
Extraits (par OCR) du livre publié en 1998 : | (Je place ici tous les extraits numérisés par OCR, placés ou non parmi mes [[accueil|citations choisies]]. Les titres au dessus des citations sont ceux du livre. Pour voir mes commentaires, il faut cliquer sur le petit lien.). |
> Pendant plus de 40 ans, Johan Van Der Keuken a pratiqué la photographie, le cinéma et l'écriture. Son oeuvre est caractérisée par des allers et retours d'une époque à l'autre, d'un versant à l'autre, d'un lieu à l'autre, parfois simultanément, parfois contradictoirement. La première partie présente une réflexion du cinéaste et une deuxième partie suit chronologiquement sa filmographie. La gageure de cet ouvrage est d'être à l'image des "films-mondes" que réalisait cette figure du cinéma en général et du documentaire en particulier. | <WRAP leftalign> |
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| (Cahiers du cinéma, 1998) |
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| __Résumé du livre :__\\ |
| //Pendant plus de 40 ans, Johan Van Der Keuken a pratiqué la photographie, le cinéma et l'écriture. Son oeuvre est caractérisée par des allers et retours d'une époque à l'autre, d'un versant à l'autre, d'un lieu à l'autre, parfois simultanément, parfois contradictoirement. La première partie présente une réflexion du cinéaste et une deuxième partie suit chronologiquement sa filmographie. La gageure de cet ouvrage est d'être à l'image des "films-mondes" que réalisait cette figure du cinéma en général et du documentaire en particulier.//. |
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| {{anchor:photographe_et_cineaste}} |
| ===== Photographe et cinéaste (extrait) ===== |
| > Je me suis aperçu que ma manière de penser est très binaire : « et/et » plutôt que « ou/ou » : l'intérieur et l'extérieur, les êtres et les choses, le nord et le sud... Binarisme qui incite au montage. |
| > Deux éléments se confrontent et fusionnent en un seul concept, alors que leur lutte ne finit jamais l'homme projeté sur la surface plane. Résoudre ce conflit en une unité de vision tout en le gardant vivant est une contradiction avec laquelle le cinéma parvient manifestement à vivre. Il est plus difficile pour le photographe de montrer le montage dans sa phase active en une seule image. Si tel est le but recherché, photographier est plus difficile que filmer, car on doit le faire avec peu de moyens. |
| => [[fr:valoriser:scenographie:johan_van_der_keuken:citations:binarisme|JVDK : « Le binarisme incite au montage »]] |
| > Après des années de cinéma, l'idée de l'image unique s'est peu à peu estompée dans mon esprit. En fait, la réalité semble autant être masquée que dévoilée par elle. Une seconde de film contient souvent plusieurs photogrammes chargés de sens. Ainsi, le choix de la seule vraie photo, voulue par moi, devient problématique. La mise en train du photographe, la volonté d'agir au moment juste et unique, donnent à la photo une force que ne possède pas le photogramme cinématographique, lequel est déterminé par davantage de circonstances arbitraires. Mais une fois admis l'arbitraire, celui-ci menace l'image unique qui n'est peut-être qu'une image idéaliste, une image née de la peur de la chute libre dans le réel : une image absolue qui rappelle tous les mouvements chaotiques à l'ordre. |
| > Ainsi, la domination de l'unique est brisée. Deux ou plusieurs images sont possibles. Le moment qu'on cherche est invisible, il se cache entre deux moments invisibles. Le temps ne s'arrête que devant l’œil spirituel. |
| => [[image unique]] |
| > Peut-être que je photographie parce que le temps passe trop vite et peut-être que je filme parce que le temps manque. Cette année, je fais un film qui s'appelle //le Temps//. Il n'y a pas seulement le temps, il y a des strates de temps. Nous en parlons comme si c'était quelque chose, mais en fait ce n'est rien. Pourtant, nous avons à l'intérieur de ce rien un corps. Comment le nommer? |
| > <WRAP rightalign lo>[[..:|Johan van der Keuken]], //Aventures d'un regard//, 1998, p.58.</WRAP> |
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===== Appareils-photo ===== | ===== Appareils-photo ===== |
p.58 | |
> Étant enfant, j'aimais dessiner, et puis mon grand-père qui était un photographe amateur trés doué m'a appris la photographie dès l'âge de 12 ans. J'ai trouvé ça fascinant. Il avait une collection de magazines de photographies Focus, et, pendant les vacances, je regardais ces magazines; il avait des cahiers de recettes chimiques qu'il avait découpées dans le journal. J'ai étudié ça entre 12 et 15 ans. J'ai acheté un appareil à plaques avec lequel j'ai commencé à faire des expériences. Ça me plaisait cette magie, voir surgir ces images, accompagnée du désir de dominer ce processus. Le fait de reproduire quelque chose de vrai. | > Étant enfant, j'aimais dessiner, et puis mon grand-père qui était un photographe amateur trés doué m'a appris la photographie dès l'âge de 12 ans. J'ai trouvé ça fascinant. Il avait une collection de magazines de photographies Focus, et, pendant les vacances, je regardais ces magazines; il avait des cahiers de recettes chimiques qu'il avait découpées dans le journal. J'ai étudié ça entre 12 et 15 ans. J'ai acheté un appareil à plaques avec lequel j'ai commencé à faire des expériences. Ça me plaisait cette magie, voir surgir ces images, accompagnée du désir de dominer ce processus. Le fait de reproduire quelque chose de vrai. |
> Je me rappelle, avec cet appareil à plaques, avoir photographié un vieux cloître avec des briques. Sur la photo, comme la plaque avait un grand format, on pouvait voir chaque brique. Je ne pouvais pas le faire avec l'appareil que j'avais avant, alors que là, je pouvais compter les briques. J'ai photographié des oranges. On voit la peau très nette et l'autre versant de l'orange est déjà flou. La profondeur de champ très limitée, due encore au grand format de l'appareil et à la grande longueur focale de l'objectif qui y correspond, où le flou va jouer et se mettre en contraste avec la netteté de la qualité de la peau. On peut créer du réel, par la peau des choses. C'était pour moi une découverte sensationnelle. | > Je me rappelle, avec cet appareil à plaques, avoir photographié un vieux cloître avec des briques. Sur la photo, comme la plaque avait un grand format, on pouvait voir chaque brique. Je ne pouvais pas le faire avec l'appareil que j'avais avant, alors que là, je pouvais compter les briques. J'ai photographié des oranges. On voit la peau très nette et l'autre versant de l'orange est déjà flou. La profondeur de champ très limitée, due encore au grand format de l'appareil et à la grande longueur focale de l'objectif qui y correspond, où le flou va jouer et se mettre en contraste avec la netteté de la qualité de la peau. On peut créer du réel, par la peau des choses. C'était pour moi une découverte sensationnelle. |
> <WRAP rightalign lo>[[..:|Johan van der Keuken]], //Aventures d'un regard//, 1998, p.58.</WRAP> | > <WRAP rightalign lo>[[..:|Johan van der Keuken]], //Aventures d'un regard//, 1998, p.58.</WRAP> |
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LE MODÈLE SE BRISE Je dis souvent que je travaille contre l'ethnographie. C'est toujours au moment où le modèle se brise, où la représentativité ne fonctionne plus, que cela devient intéressant. On est à mi-chemin entre quelque chose de représentatif et quelque chose | ===== Le modèle se brise ===== |
qui ne l'est pas du tout. ... qui est l'irruption des personnes en tant que telles. Oui, l'absurdité de la vie, l'expérience unique. Serge Daney avait écrit un texte dans les Cahiers, « La radiation cruelle de ce qui est », où il notait qu'il y a souvent des personnages handicapés dans mes films parce qu'ils cassent la représentativité. | {{page>Le modèle se brise#Le modèle se brise}} |
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Teun, Les Vacances du cinéaste, 1974. | |
Cette position un peu marginale par rapport à la | |
normalité leur permet d'avoir une vue plus perçante sur ce que serait le normal, le réel. D'où aussi la thématique de la cécité, de la surdité, des sens bloqués, qui me semble être celle d'une lucidité par rapport à une perception brisée, fragmentée et qui est à recomposer. On ne peut pas voir ni entendre, mais on doit faire avec. | |
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| ===== Tout est forme ===== |
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| ===== Morale ===== |
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