CHANTIER
Comment survivre à l’acte intellectuel masturbatoire d’octobre 2003 ?
Que faire d’hypothèses formulées dans le cadre d’une intersexuation* assumée, et recueillant néanmoins l’agrément du monde ?
Où aller ensuite, dans quelles directions intellectuelles et vers quel monde ?
Ces questions ont été sous-jacentes, de 2003 à 2013, à l’ensemble de mon travail portant sur la société yéménite. Elles n’étaient évidemment pas formulées explicitement, mais je peux en restituer les clés très facilement.
Première brique le 17/8/2023.
Retour sur le mémoire : « Al-Gawla (le rond-point). Ethnographie et Ségrégation sur le Rond-Point des Hommes de Peine »
Ce n’est pas un hasard si j’ai construit mon DEA comme une étude de l'appareil sociologique dans la société yéménite, et non pas une étude sociologique sur la société yéménite (cf l'influence décisive de Johan van der Keuken, ou le Naven de Gregory Bateson). En l'occurrence, j’essayais d’étudier comment les Yéménites vivaient d’avoir des « pauvres hommes »° sur les trottoirs, et dans cette situation, la fonction sociale du point de vue sociologique.
Insérée en page 2 : Note de mise en ligne (juin 2018)
(…) Avec le recul cependant, certains aspects de ce mémoire me paraissent exemplaires. Notamment la constance avec laquelle, dans la description, je tiens ensemble les conditions d’interaction et le détail sociologique. Comme pour conjurer les effets du premier passage à l’écriture, de la première trahison : je remuais les cendres encore chaudes de ma première enquête, persuadé d’y découvrir encore d’autres mondes possibles. C’est bien évidemment cette posture qui, à la longue, a fait sortir Ziad de ses gonds : cette posture où je restais à l’écoute d’une conscience historique, tacitement à l’œuvre dans la gestion collective de ma présence - et toute ma dignité était de savoir encore l’entendre.
C’est exactement cette même scène, et ces mêmes acteurs, que j’ai barbouillés ensuite des couleurs vives de l’homoérotisme, pour mieux faire ressortir une structure, lors de mon troisième terrain (février-juillet 2006). À travers le maniement des boutades et des sous-entendus, il s’agissait alors de tester, de pousser la société yéménite dans ses retranchements, de réfléchir à voix haute et de susciter en retour une parole paradoxale, capable de donner corps à ce que nous savions. D’où aussi la psychose ultérieure de Ziad. Mais encore une fois, cette démarche aurait été inconcevable sans le fond de pudeur qui lui pré-existait.
Retour sur ma soutenance de DEA (récit plus détaillé) :
Survivre, c’était d’abord survivre avec ma honte face aux deux écueils scientiste et littéraire, dans le monde impitoyable et parfois arbitraire des sciences sociales. C’était protéger entre Charybde et Scylla mon intuition de la société yéménite… Car dans un cas comme dans l'autre, je ne croyais simplement pas à l’enregistrement du réel. Mon obsession à l’époque sur le terrain : revisiter les circonstances du premier passage à l’écriture. Cela impliquait de renouer avec les Yéménites malgré et à travers l’intersexuation.
⇒ Dans ce qui deviendra à terme mon intuition de l’islam, il y a d’abord eu la conscience de mon intersexuation* ().
Voir pour l'instant Projet de thèse initial