L’expression « musulman diplômé » est récurrente sous ma plume, mais pas en tant que catégorie sociologique : en tant que destinataire de mon interpellation d'anthropologue-musulman*.
• Le musulman diplômé comme interlocuteur d’une démarche d’anthropologie symétrique : qui conçoit le « terrain » comme lieu de relations intellectuelles égalitaires, quitte à diffracter stratégiquement celui-ci (voir l’entrée « ethnographie multisite »*).
⇒ Si j’ai pu me convertir à l’islam en me retirant du terrain, alors il doit exister ailleurs des musulmans diplômés, et ceux-ci sont mes interlocuteurs privilégiés.
• Le musulman diplômé comme paradoxe de l’anthropologie historique : rattaché à la civilisation médiévale par l’islam, et en même temps par son diplôme, à l’affirmation subjective de l’Europe* contre et de l’intérieur de celle-ci (voir l’entrée « université »*).
⇒ Le musulman diplômé émerge à la faveur d’un double moment historique postcolonial* : d’une part la défaite du fascisme, dont l’obsession était de défendre la pré-éminence européenne (notamment dans l’accès aux universités) ; d’autre part l’adhésion de sa propre société d’origine à l’aventure nationaliste, qui la conduit à fonder son propre système d’enseignement public et ses propres universités. Mais la greffe du nationalisme ne prend pas vraiment : ni sur le plan militaire (on le sait dès 1967), ni sur le plan sociétal (constitution d’une hiérarchie ploutocratique qui étouffe la dynamique universitaire).
Le diplômé musulman émerge de ce double naufrage : celui du nationalisme européen et celui du nationalisme (arabe) postcolonial.
Regards sur l'actualité (Textes sur Gaza)
Le viol de l’observateur et la forme contemporaine du kufr
Conclusion de Tawhîd et intersexuation (lien avec catégorie des « frères musulmans »)
Octobre 2003 et l’injustice postcoloniale (Atelier islam)
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