Matrice
La matrice, c’est l’utérus, l’endroit du développement de l’embryon.
C’est aussi un outil mathématique, une base de donnée pluri-dimensionnelle, indispensable au développement de l’informatique*. En anglais elle se dit Matrix, nom d’un film de science fiction populaire à la fin des années 1990.
Face à l’expression « matrice islamophobe », beaucoup de lecteurs ne voient pas plus loin : la matrice c’est méchant, c’est le complot des puissants… En réalité, la notion d’islamophobie n’a pas acquis à Hollywood ses lettres de noblesses académiques.
Il y a eu d’abord la « matrice du genre », pensée par les queer* studies ;
puis la « matrice de la race », pensée par les intersectional* studies ;
et enfin la « matrice islamophobe », pensée par le courant dit decolonial* studies.
…Manière de coopter les musulmans diplômés* dans cette grande marmite de sciences humaines.
Je ne dis pas qu’il faut jeter à la poubelle toute cette pensée, appelée « wokisme » par ses détracteurs, sans laquelle ma propre recherche n’existerait pas. Mais c’est un fait que ma recherche, passé un certain stade, n’a plus existé pour eux. Après ma conversion, et/ou peut-être après la vague des Printemps Arabes, notre histoire ne pouvait plus trouver sa place dans cette « matrice ».
Sur le fond, si l'on prétend vraiment penser « l’embryogenèse »* des phénomènes humains, peut-on faire l’économie d’un cadre théorique un peu exigeant, tel que la pensée batesonienne* (cadre dont Norbert Elias* lui-même était tributaire)? Et dans un projet aussi large, peut-on exclure l'hypothèse que le monothéïsme soit précisément cette pensée-là (voir Coran 20:41)? C'est dans cette réflexion que j’essaie de coopter les musulmans diplômés, pour ma part, via la notion de matrice monothéïste*…