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Méthodologie ethnographique

Sous-dossier de méthodologie
⇒ Contenu à migrer progressivement vers le dossier Méthodo:ethnographie

Dans mon travail d’écriture depuis 2017, j’ai mis le coup de projecteur sur trois moments-clé de ma vie personnelle en marge de mon enquête. Trois aspects dont il n’y avait pas lieu de parler explicitement à l’époque, puisqu’ils étaient déjà traités implicitement à travers la discussion théorique et méthodologique.

date moment incident Stades d'affectation
octobre 2003 après premier contact acte sexuel prise
juin 2004 avant premier retour conversion subjective à « l’homosexualité » déprise
septembre 2007 retrait pour la rédaction conversion à l’islam reprise
· 2023/10/11 12:19

Page intersexuation

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Sur le glossaire

Focus

Origines

Réflexivité dans l'art

Réflexivité en islam

  • La voie ethnographique
    = la manière dont la poursuite d’un terrain ethnographique a pu coïncider avec mon cheminement spirituel dans l’islam, dans des circonstances au fond très particulières. J’insiste pour rendre cette expérience concevable, car c’est le pari de l’ethnographie d’éclairer le monde social de cette manière. Mais rendre cette expérience concevable ne lui confère a priori aucun caractère normatif

L'évolution du terme "ethnographie"

Dans l'anthropologie classique, née à l'époque coloniale, le terme “ethnographie” désigne simplement le recueil des faits de culture : c'est le fait d'écrire (graphein) les coutumes d'une ethnie ou d'un peuple particulier.

Mais l'anthropologie a perdu beaucoup de son assurance théorique avec la Décolonisation et la remise en cause des grands paradigmes, sous l'effet de la critique féministe et du tournant linguistique. Aussi depuis le tournant des années 1980, le terme “ethnographie” a pris un sens beaucoup plus riche : c'est l'analyse précise des conditions sociales de l'enquête.

À la manière du protocole expérimental dans les sciences de laboratoire, c'est là que se joue désormais le caractère scientifique d'un travail - plus que dans l'adéquation de ses conclusions avec tel ou tel paradigme théorique, qu'il soit marxiste, structuraliste ou autre.

L'ethnographie telle qu'on l'enseigne (concepts clé)

La réflexivité, ou les trois espaces du carnet de terrain

Le carnet de terrain (version papier) comporte ordinairement trois espaces :

  • la page de droite pour les observations objectives (le plus possible)
  • la page de gauche comme défouloir subjectif
  • et pour les amorces de généralisations.

Ainsi, le carnet comporte des informations sur trois niveaux très différents, que l'analyse viendra mettre en relation. Ceci permet de contrôler dans quelles conditions l'anthropologue a vu ce qu'il a vu, dans quelles conditions il a pensé ce qu'il a pensé, ce qui donne une certaine robustesse à l'analyse.

le rôle des affects

Les trois moments de l'analyse : prise - déprise - reprise.
⇒ Focus sur « Être affecté », article fondateur de Jeanne Favret-Saada (1990).

Voir également de Florence Weber (qui m'a formé), deux articles importants sur la réflexivité d'enquête (republiés dans son Manuel de l'ethnographe, PUF 2009)

la notion d'engagement ethnographique

évoquer l'ethnographie urbaine qui a été ma référence méthodologique dans les premières années de mon enquête :

Le dernier ouvrage en particulier, m'a longtemps servi de métaphore à ce que j'essayais de faire, à travers mes “boutades homoérotiques”. Toute la question pour moi était de rester engagé dans l'interaction.

Une application en deux temps

A. Un fiasco inaugural

Mon premier travail (terrain de trois mois à l'été 2003 / maîtrise soutenue en juin 2004) comportait une dimension ethnographique importante, puisqu'il s'agissait d'analyser l'autorité charismatique locale qui avait rendu possible l'observation. Je tentais de comprendre en particulier pourquoi à un certain stade, Ziad avait perdu la face, et avait finalement dû se retirer.

Du point de vue de la réflexivité ethnographique, l'incident était particulièrement grave, et remettait fondamentalement en cause ma capacité à mener l'enquête. J'avais su en donner une explication provisoire, en invoquant un stigmate entre deux milieux sociaux (le quartier et le carrefour), mais je me rendais bien compte que ces explications étaient partiellement forcées.

Le déroulement de ce premier séjour n'est devenu transparent que bien des années plus tard. Au fond, Ziad avait affronté un minuscule “Printemps Arabe” : quelque chose qui n'avait pas encore de nom, qui était encore impensable, mais qui allait bouleverser profondément les règles du jeu. Une évolution que la réflexivité ethnographique nous a permis d'anticiper, et c'est ce qui fait la valeur de notre histoire aujourd'hui.

B. Une alliance ethnographique paradoxale

La dimension ethnographique est tout aussi centrale dans mes enquêtes ultérieures (séjours de 2004 à 2010), mais elle est dissimulée dans d'autres problématiques :

  • les phénomènes de ségrégation dans l'espace urbain (vers 2004-2005) ;
  • “l'homoérotisme” (vers 2006-2007),
  • une problématique de schizophrénie (à partir de 2008).
  • une problématique de conversion religieuse (chez moi) et de millénarisme (chez Ziad), surtout après le basculement de la “Grande Histoire” (2011).

Dans tous les cas, il s'agissait de toucher aux limites de l'écriture, à l'envers de l'évidence sociologique. Mais rétrospectivement, toutes ces périodes sont totalement transparentes aujourd'hui, d'un point de vue ethnographique. C'est ce qui fait la vitalité de notre alliance, qui perdure jusqu'à aujourd'hui.

Sous le radar des sciences sociales
À un certain stade de ma recherche (qu'on peut placer vers 2008), les choses ne se passent plus sous le microscope : l'énigme de mon terrain yéménite est résolue (au sens de l'énigme ethnographique* : la relation est stabilisée, j'ai compris la place à laquelle j'ai été “affecté”). Mais je me retrouve face à un autre défi : celui de faire entendre cette histoire dans le monde académique, de l'intégrer aux savoirs existants, autrement dit de la qualifier anthropologiquement*.
À cette époque je n'essaie même pas d'échanger avec l'anthropologie du Yémen qui me paraît engoncée dans des schémas culturalistes, liés à une compromission non-assumée avec le régime (comme je pourrai l'exprimer en 2011). Non, je mise plutôt sur les sciences sociales généralistes (depuis ma formation à l'ENS et à l'EHESS), partisanes de l'interdisciplinarité.
Or peu à peu je vais m'apercevoir que cette histoire embête tout le monde, et qu'elle n'a sa place nulle part : les structures académiques existantes ne peuvent simplement pas la prendre en charge. L'anthropologie de l'islam* ne m'est d'aucun secours, évidemment : l'islam en tant que “culture” ne m'intéresse pas. Fondamentalement je ne crois pas en l'existence de leur objet, donc mieux vaut rester à bonne distance.
Mais j'ai du mal à qualifier ma position. Et bien sûr, ce n'est pas parce que je viens d'une autre “culture”. En fait je disparais des écrans radars, tout en comprenant mieux que jamais les Humanités, que je visite comme un fantôme. Mon intégration dans les structures académiques est compromise irrémédiablement, car nous ne jouons pas le même jeu.

fr/atelier/methodologie/ethnographie/accueil.txt · Dernière modification : 2024/10/01 12:44 de mansour

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