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Quelques vérités bonnes à dire sur notre temps

29 juin 2025

Préambule

Comparons d’abord ces différents énoncés :
1. « C’est la faute de l’islam ».
2. « C’est la faute des musulmans ».
3. « C’est toujours la faute des musulmans ».

(1) On est dans la polémique religieuse, quand bien même celui qui s’exprime s’en défend, s’imagine purement rationnel et « laïque » : c’est la vérité de l’islam qui est visée…
(2a) On est dans l’intention raciste. Il voulait dire : « C’est la faute des Arabes » mais les Arabes ont changé de nom…
(2b) On est dans l’apologétique, la défense implicite de l’islam. Un musulman déplore que les musulmans ne soient pas à la hauteur, ne donnent pas une bonne image…
(3) On est dans l’ironie. Et l’ironie permet d’affirmer une vision du monde, en faisant jouer une appartenance (si tu n’es pas ironique comme moi…).

⇒ À tous ces énoncés, il manque une forme d’analyse, d’exigence intellectuelle dans l’observation du monde, et dans son explication.

Une spécificité occidentale

Insistons ensuite que le problème est spécifiquement occidental.
Bien sûr on trouve des formes d’islamophobie ailleurs - en Inde, en Chine, dans certains pays d’Afrique - toujours dans des contextes de différenciation ethnique, voire d’affrontement.
Mais en Occident, aucune situation d’épuration ethnique ni de Grand Remplacement, si ce n’est dans les fantasmes collectifs. On se dispute pour des histoires de tissus (en France), de minarets (en Suisse), de viande de porc (en Espagne), mais au fond la raison est ailleurs : dans ce bon vieil affrontement Droite/Gauche, qui semble n’avoir nulle par ailleurs où s’exercer :

- (1) coexiste avec (2a) pour former le camps de la Droite,
- (2b) coexiste avec (3) pour former le camps de la Gauche.
…Pourtant, on ne défend pas le christianisme en justifiant le racisme !
…Et on ne défend pas l’islam en chantant l’Internationale !

Donc la coexistence est absurde sur le fond, dans les deux cas. Mais peu importe en pratique : la fièvre « islamo-phobo-gauchiste » est le symptôme d’une société qui ne pense pas. Une société qui laisse les institutions penser à sa place, également les réseaux sociaux bien sûr, mais aussi tout simplement les situations.
L’islamophobie est à la mode à l’échelle mondiale, mais surtout parce qu’elle est à la mode en Occident. Dans aucune autre région du monde, je pense, on ne trouve le système de positions discursives que je viens d’esquisser.

Une décélération

Et la bonne nouvelle, c’est que ça ne durera pas. Que l'économie se dégrade encore un peu, et les gens réapprendront à se parler pour survivre, réapprendront donc à penser. J’utilise le futur, mais l’évènement est déjà derrière nous - comme le savent ceux qui ont un peu fréquenté le mouvement Gilet Jaune (c’est mon cas). Le processus est en cours, vers une échéance qu’aucune innovation technologique, et même aucun complot, ne sera jamais en mesure de repousser définitivement.

Cette fièvre est l’effet secondaire d’une décélération inexorable, initiée il y a deux ou trois décennies, en fait depuis les années 1990 et la fin de la Guerre Froide : démantèlement de l’emprise mentale* de l’Occident sur le monde. Certains veulent s’en réjouir (à gauche), certains veulent le déplorer (à droite), mais peu ont vraiment les moyens de le penser.

Et les musulmans dans tout ça ? Un musulman est-il capable de penser dans ce contexte ? Et pour penser quoi ? J’ai là quelques propositions.

Penser l’Europe en son sein

Au vu de ce qui précède, il semble utile de penser l’Europe*, notamment ce fameux clivage droite/gauche qui lui est spécifique. Penser l’Europe autrement qu’elle ne se pense elle-même, mais en le prenant en compte, en l’accompagnant si possible. Car l’Europe finira bien, avec ou contre nous, par se penser elle-même à nouveau.

Actuellement, il semble que les musulmans français font l’autruche. Les musulmans pensent à gauche quand ils vivent en Europe, et à droite quand ils vivent au Moyen-Orient (pour ceux là-bas qui ont le loisir de penser). Ils pensent à gauche dans l’espace public, et à droite dans l’intimité domestique (pour ceux qui ont le loisir de se marier). Et comme l’ordre du monde se joue surtout dans l’intime et en Orient, les sociétés virent à droite, inexorablement.
Or beaucoup de musulmans veulent n’y être pour rien : se considérer victimes avec les Palestiniens d’une même « matrice* islamophobe », sans même voir l’indécence de ce délire…

Le kibboutz aujourd’hui

Cette manière délibérée de ne pas penser l’Europe, je propose de la nommer « sionisme musulman »*. Car la tradition juive, à l’origine, était bien une manière de penser l’Europe : de garder contact avec les écritures hébraïques de l’intérieur-même de la chrétienté, d’en tirer un certain avantage responsable. Aujourd’hui, les musulmans prétendent faire la même chose avec le Coran, mais ils ne semblent pas avoir saisi la difficulté de l’exercice. Faute de profondeur historique, ils sautent directement à la case sioniste - sans avoir subi pour cela le moindre pogrom, bien évidemment…

La décolonisation est une chose : elle doit s’arracher, ce qui suppose une organisation, la perspective d’un État pour le peuple opprimé. Mais cette légitimité ne tient plus, depuis la césure de 2011 : les sociétés ont basculé pour cela dans la guerre, au Moyen-Orient. Or pendant ce temps, la diaspora s’organise en petits kibboutzim… Les mosquées de France sont des endroits merveilleux, où l’on se sert les coudes pour travailler la terre, pour la construire, pour relever tous les défis. De là à voir les musulmans comme le peuple élu, il y a un pas, que beaucoup n’hésitent pas à franchir. J’y vois plutôt le signe que les musulmans se laissent porter par une conjoncture historique, sans vraiment penser aux autres, ni aux lendemains, ni à l'Au-delà.

Localiser le sionisme musulman est une urgence - en interne - pour ne plus subir les polémiques de l’environnement médiatique, et autres chasses aux « Frères Musulmans ». Répondre à cette urgence, cela commence par poser la corrélation avec le drame Palestinien : c’est bien ce comportement-là qui rend le drame inéluctable, en maintenant la galaxie Occidentale dans des contradictions stériles. L’impasse ne date pas du 7 octobre…

Théorème et quiproquo

Pour ma part, j’en situerais plutôt l’origine vers les Printemps Arabes, un quiproquo fondamental sur la nature de l’évènement. Car depuis 2011, ce qui m’empêche de retourner au Yémen, c’est bien la difficulté de négocier mon histoire auprès des musulmans diplômés. Depuis le départ, j’observe cette séquence historique sous un angle bien particulier : je sais que le chaos et la guerre ne sont venus que dans un second temps, on ne pourra me le faire oublier.
C’est pourquoi je m’obstine à ressasser ma petite histoire au Yémen, tel le drame d’une crucifixion, et quitte à vivre comme un moine - ce que je ne fais ni par goût ni par tempérament. Mais dans une époque où les musulmans se comportent comme des juifs, le converti a-t-il un autre choix que la protestation chrétienne ? Voilà le « théorème fondamental » de la matrice monothéiste*, que les musulmans sionistes font profession d’oublier…

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fr/modele/matrice/sionisme/verites.txt · Dernière modification : de mansour

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