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Accueil 2024-04-14 islamologie
2024-04-15
Les introductions de la page d'accueil, où se joue ma « présentation de soi », finissent toujours dans le dossier notices à termes. Aussi dorénavant, je les y créerai d’emblée comme pages autonomes, avec un insert de la section concernée sur la page d’accueil.
Il est écrit :
====== Accueil du Wiki ====== {{page>fr:notices:accueil_2024-04-14_islamologie#introduction}}
Noter l'apparition du terme islamologie* : plus clair que « anthropologie de l'islam », et aussi plus à la mode. J'écrirai la définition du glossaire dans quelques jours, “inchallah”.
Introduction
Avant-propos (avril 2024)
En septembre 2007, dans la ville yéménite de Taez, j’ai clos le terrain de ma thèse par ma conversion à l’islam. Un geste théoriquement neutre, du point de vue de la méthode réflexive* en sciences sociales : l’appartenance religieuse du chercheur est prise en compte dans les paramètres de l’observation (au même titre que son âge, son sexe, son « orientation sexuelle », etc.). Mais dans la phase de traitement des matériaux, le fait que je sois musulman ou bouddhiste dans ma vie personnelle n’a pas d’impact, une fois le corpus d’observations convenablement contextualisées. Ou alors, l’expression « sciences sociales » n’a simplement pas de sens.
Ce geste théoriquement neutre, pourtant, m’a fait passer de l’autre côté du miroir. Aussi bien dans le monde des sciences sociales que dans la communauté musulmane, ce geste a fait de moi un passager clandestin : quelqu’un qui dérange, qui n’est jamais à sa place, sans que je comprenne moi-même pourquoi. Quelle que soit la manière d’aborder mon interaction avec les Yéménites, le récit ne collait pas. J’étais donc condamné à être un homme sans passé, un converti sans conversion, et un anthropologue sans doctorat. Accessoirement, je faisais cette expérience étrange de musulmans du Nord m’empêchant de parler de musulmans du Sud, qui venaient pourtant de faire leur révolution. Paradoxe inconcevable, que je me suis toujours interdit de formuler comme tel : je l’ai pris plutôt comme une épreuve, avec laquelle j’ai appris à vivre. C’est l’origine des analyses présentées ici.
Dans le Yémen des années 2000, j’avais étudié le soubassement interactionnel de l’ordre sociologique : la présence latente de l’observateur-sociologue, pré-inscrite dans un ordre interactionnel indissociable du régime républicain. En d’autres termes, j’observais une répartition des rôles entre « indigènes »* (le Yéménite qui prend la pose) et « informateurs » (le Yéménite qui vend la mèche), réalisant tacitement l’infrastructure dualiste* indispensable au point de vue objectivant* - mais avec des effets secondaires considérables pour la population (vulgarité et méfiance, charge mentale, paliers d’apprentissage, etc.…).
Dans la France des années 2010, j’ai spontanément transposé cette analyse : une réflexion sur les soubassements intellectuels et moraux de l’ordre islamologique*, entendu comme un « fait social total »* sous-jacent à l’appréhension objectiviste de l’Islam*. Un ordre étroitement lié aux sciences sociales, mobilisant les musulmans eux-mêmes en vertu des idéaux de 1945*, mais gagé sur des régimes politiques qui ont cessé d’exister au Moyen-Orient : un ordre qui joue aujourd’hui son va-tout à Gaza.
Malgré son caractère tragique, je perçois la période actuelle comme une sorte de psychodrame global, ayant pour enjeu la sortie de « l’anthropologie de l’Islam »* : que l’islam cesse d’être exclusivement objet des sciences sociales, et manipulateur de celles-ci sur un autre plan. Sortir du jeu de dupes n’est pas simple : il ne suffit pas d’intenter des procès en orientalisme et en « islamophobie », tout en traitant d’ignorants les musulmans ordinaires.
Pour les subjectivités musulmanes diplômées*, sortir des ornières de la pensée dualiste exige un pas de côté douloureux. Cela revient à doter l’islam d’une théologie, ou du moins l’appréhension d’un contexte global par des outils adéquats, chez une génération de musulmans francophones toujours encouragée à s’en passer. Pour les universitaires de même, la nouvelle aventure institutionnelle de « l’Islamologie » (IFI) doit encore déboucher sur autre chose qu’une juxtaposition de compétences disciplinaires : elle cherche encore sa structure qui relieGB5.
Au vu du statut bien spécifique de l’islam dans le monde contemporain, il y a lieu d’attendre de l’islamologie qu’elle contribue à doter les sciences sociales d’une méta-anthropologie : un cadre adéquat pour mettre à l’épreuve l’idée du Social*, dans un creuset de sciences philologiques* et de théologie, mais aussi d’épistémologie critique et d’analyse systémique. Il y a lieu d’attendre que l’islamologie nous libère de la farce postcoloniale*, en accordant des ressources critiques équivalentes à tous ses contributeurs. Et par là-même, qu’elle nous fasse incidemment changer d’époque.
Présentation du wiki
Pour construire une pensée qui soit à elle-même son propre métacontexte*, et élaborer mes propositions malgré l’isolement intellectuel, ce site est doté depuis janvier 2022 d’une infrastructure Dokuwiki (grâce à Colin, informaticien de l’« Alternative Sétoise » : qu’il soit ici remercié !).
J’ai commencé par poser trois catégories :
● Comprendre
(pour les questions moyen-orientales) ;
● Explorer
(pour les questions historiques) ;
● Valoriser
(pour les questions de vivre-ensemble).
Manière de séparer les registres, tout en ménageant des circulations par des hyperliens, et un code couleur pour souligner la logique transversale (critique du dualisme).
+ J’ai doté le site d’un glossaire en décembre 2022 (venant d’atterrir en Région Parisienne), avant de revenir fréquenter les séminaires de recherche. La section théologie
(citations coraniques sauvages) et la section modèle(s)
(emprunts théoriques sauvages) doivent être considérées comme accessoires, ou comme réservoir d’idées. L’argument central réside dans l’hypothèse de la matrice monothéiste*, étroitement liée à la notion ad-hoc d’intersexuation*.
+ En mars 2024, Ziad
fait irruption sur la toile avec sa « théologie » débridée (en fait il écrivait sur Facebook depuis décembre 2022 lui aussi, je n’étais simplement pas au courant). Il est le protagoniste central de cette histoire, et sans doute la seule personne susceptible de l’ouvrir sur l’extérieur. Sa « théologie » n’est certainement pas musulmane, mais elle est clairement islamique dans son inspiration (cf Les contextes de la “folie” de Ziad). Ce wiki trouve alors une vocation renouvelée : offrir un cadre favorable à la réception de cette parole, à son interprétation dynamique. Et à travers ce couple que nous formons, permettre éventuellement l’émergence d’une autre interpellation venant du Sud, encore inarticulable aujourd’hui.
⇒ La soucoupe volante stationne dans le ciel francilien depuis plus d’un an, mais peine encore à apparaître sur les écrans radars des institutions légitimes : je remercie d'avance toutes les initiatives pouvant y contribuer, marques d’intérêt scientifique ou autres sollicitations (voir le site Orient-laicité.fr). Merci au visiteur pour sa visite, pour son retour éventuel, et bonne lecture.
Vincent Planel 2024/04/15 19:25