Dossier Ziad

Image choisie par Ziad comme profil Facebook.

Remarque générale

Dossier ouvert en mars 2024, dans l’optique de traiter les posts de Ziad sur Facebook, récemment découverts.
Dans l’ensemble de cette histoire, les symptômes de Ziad sont incompréhensibles sans la prise en compte de deux contextes :

les rapports avec l’Occident symbolique
= fonctionnement du Régime Yéménite, Révolution de 2011, contexte international…
les rapports avec l’Occidental en chair et en os
= mes rapports avec son quartier (2003), la société environnante (2004-2006), puis avec les membres de sa famille (de 2008 jusqu’à ce jour). Ziad pour sa part n’a jamais tenté de me contacter en France, même dans mes premières années d’enquête, et depuis 2007 nos rapports sont toujours médiés par les autres (pour des raisons de pudeur évidentes).

Il n’existe simplement pas de « schizophrénie de Ziad » dans l’absolu, ni même si on la considère dans un environnement seulement yéménite. La « schizophrénie de Ziad » doit être considérée comme l’objet transactionnel de mes rapports avec la famille de Ziad, à travers lequel nous continuons de faire dialoguer les aspirations de nos sociétés respectives.

Je sais bien que de l’extérieur, on perçoit une « entourloupe »^f0 (erreur du concret mal placé). Mais justement, il y a l’entourloupe de l’Occidental et l’entourloupe de l’Occident symbolique (voir les deux sens du mot makhnatha dans mon résumé de 2008).
Avec la féminisation des sciences sociales, caractéristique de l'ère postcoloniale*, l'enquêteur se situe constamment à l'articulation de ces deux niveaux de contextes : il est un « enculé » dans un régime d'« enculade » généralisée, et c'est ce qui permet sa présence sur le terrain, qu'il veuille en avoir conscience ou pas. Pour ma part je ne vais plus sur le terrain depuis quinze ans, mais j'ai quand même le droit d'avoir une histoire, nous avons le droit d'avoir une histoire. La vraie entourloupe réside dans la démission institutionnelle des sciences sociales, et dans la démission institutionnelle des musulmans.

Analyse de sa “folie”

fr:Ziad: = Section à la racine du wiki, pour l'archivage et indexation des publications de Ziad.
Les textes d'analyse sont localisés dans le présent dossier, mais accessibles depuis l'accueil.

Par contre les textes ci-dessous sont antérieurs, glânés un peu partout :

Ziad al-Khodshy (l'essentiel + entretiens vidéo)

La dimension familiale

Voir mon texte de 2012 : L'ethnologue et les trois frères de Taez, ou la chute des figures charismatiques urbaines dans le Yémen des années 2000
Également les pages de :

Nabil (grand-frère)
Yazid (petit-frère)
Ammar (cousin proche)
Taher Nabil (neveu)
Maryam : le clan matriarcal de Ziad
Waddah (cousin éloigné)

La dimension chrétienne

Évoquée dans les pages, rédigées ces dernières années :

Le christianisme de Ziad
Les voyages de Ziad (section Explorer)

Moments

2003 : le Royaume de Ziad

Mes études centrées sur la pièce de Ziad, qu'on appelait son « royaume » (mamlakat Ziad) :

Le “Za’im” et les frères du quartier. Une ethnographie du vide.
(Mémoire de maîtrise d’ethnologie à l'Université Paris X-Nanterre, juin 2004).
« “Zayd, Za’îm al-hâra” : analyse sociologique d’un charisme de quartier »
dans la revue Chroniques yéménites 12: 81-102, 2005.

Pour être tout à fait clair, non seulement Ziad n’a jamais été mon amant, mais il est totalement étranger au rapport passionnel que j’ai pu entretenir à son personnage. Comme en témoignent mes écrits de ces dernières années, ce rapport passionnel s’est plutôt construit en son absence :
• d’abord au mois d’août 2003, à travers mes premiers pas dans le quartier de Hawdh al-Ashraf, alors que Ziad cherchait du travail à Sanaa ;
• puis au mois d’octobre 2003, à travers les circonstances de mon premier passage à l’écriture ;
• enfin au mois de juin 2004, à travers les retombées sur ma vie personnelle de ce premier travail.

Note sur la chanson "Dilate" (Ani Difranco)

Concernant le mois d'octobre, mes textes les plus récents évoquent une expérience inaugurale du tawhîd, voire même un « esprit de croisade » dans notre dernière confrontation (Tawhîd et intersexuation) - sans doute ce qui aura le plus marqué Ziad dans cette affaire.

2004 : Ziad face à mon retour

Notes du 27 août 2004 (dans mon texte de 2024 « Tawhîd et intersexuation »).
Ziad et moi (Texte du 1er septembre 2004)

2006 : idoles et échec matrimonial

Les idoles de Ziad
L'impuissance de Ziad (dans mon texte « Joseph et Zulaykha »).
Présentation de mon Compte Rendu de 2006 (« Ce texte ne donne-t-il pas un contexte objectif à l’impuissance de Ziad ? »).

2007 : internement, incendie, enfermement

Interné en hôpital psychiatrique par sa propre famille début 2007 (après le décès de son frère aîné Nabil, dont la famille voudrait qu'il reprenne le poste), il se venge le 19 août 2007, jour de mon retour à Taez pour mon quatrième séjour, en mettant le feu au salon.
Voir les textes mentionnés dans l'Index des Moments.

Il a tout un nœud à dénouer autour de l'institution psychiatrique, de son intervention très ponctuelle dans cette histoire, et de la requalification globale qu'elle occasionne - mais peut-être surtout à cause de l'écho qu'elle trouve chez moi, en tant que fils de psy. Au Yémen, qui croit vraiment que Ziad est « schizophrène » à ce stade? Je rappelle qu'on envisage qu'il prenne la tête de la police des souks à la municipalité de Taez… On espère que les électrochocs lui feront changer d'avis - on « tente le coup », mais on n'accorde pas plus d'importance que ça au diagnostique du psychiatre (Ziad est le seul à retenir le terme scientifique, infisâm al-shakhsiyya…).
⇒ La vraie question est de savoir : est-ce que les symptômes de schizophrénie suivent ou précèdent ma conversion à l'islam? De fait, l'une des conséquences de cette conversion (et j'en avais tout à fait conscience) était de maintenir la double contrainte sur Ziad par-delà mon retrait du terrain. Sans elle, il est probable qu'on ne parlerait plus de « schizophrénie » depuis bien longtemps…

2008 : Collaboration et rupture avec Yazid

Sur cette phase aux prétentions « thérapeutiques », et son échec en 2010, voir l'introduction de 2017 à L'expédition à Hammam Kresh (texte).

2013 : l'Affaire Bassâm

Au printemps 2013, quelques semaines après mon intervention à Londres, Ziad frappe au visage son voisin Bassam, qui figurait “l'informateur” par excellence dans ma maîtrise dix ans plus tôt. Suite à ce passage à l'acte, il est exilé dans les montagnes, près de la ville d'Al-Rahida.

Pendant quinze mois j'ai ignoré les posts de Ziad sur Facebook. Faut-il écrire encore une dissertation sur ce quiproquo? En est-ce vraiment un d'ailleurs? Peut-être est-ce juste que dans cette affaire je me protège aussi.

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